Déjeuner-bénéfice

M.Cyrille Adjogblé M.Cyrille Adjogblé Allocution de Andrée Poirier Allocution de Audrey Ajavon
Allocution de Alexis Ajavon M.Kokou Flagbo Lutte contre la faim les enfants du Togo

DÉJEUNER-BÉNÉFICE À HULL POUR LE PROJET "UN REPAS POUR MOI AUSSI À L'ÉCOLE"

Dans le cadre des activités humanitaires de la Communauté Togolaise au Canada (CTC) en direction du Togo, la section de l’Outaouais de cette communauté a organisé un déjeuner-bénéfice pour soutenir le projet "UN REPAS POUR MOI AUSSI À L'ÉCOLE". Ce projet a été initié par l’organisme non gouvernemental Espace et Vie scolaires (EVS) sis à Lomé (Togo), pour engager une sérieuse lutte contre le phénomène grandissant et alarmant de la faim dans les écoles.

Le déjeuner-bénéfice s’est déroulé le samedi 12 mai 2001, de 8h30 à 12h00, au Club de Golf le Dôme de la ville de Hull (Québec).M. Cyrille Adjogblé responsable de la CTC section de l’Outaouais, assurait aussi la responsabilité de l’événement. Mme Andrée Poirier, agente de relations humaines dans le domaine de la santé, en était le porte-parole. Divers invités et conférenciers ont pris part au déjeuner. Entres autres, il s’agit de: Mgr Roger Ébacher, archevêque de Gatineau-Hull, M. Joseph De Sylva, conseiller à la Ville de Gatineau, M. Émile Demers, directeur du Collège de l'Outaouais, responsable de l'action internationale et des commissions de la Fondation et de Polio Plus de Rotary, M. Jean Villeneuve, président de la Maison de l'Amitié de Hull, Frère Robert Boucher, Procureur des Frères du Sacré-Cœur de Bromptville (Québec), Mme Charlotte Fortier, enseignante à la Polyvalente Nicolas-Gatineau, M. Alexis Ajavon président de la Communauté Togolaise au Canada (CTC), Mlle Audrey Ajavon, chargée de la discipline et de l’encadrement des enfants (CTC, section de l'Outaouais). Le Club Rotary de Hull et l'Université du Québec à Hull ont été les commanditaires de l’événement.

Plus d'une centaine de personnes ont participé à la rencontre, dont la recette sera envoyée d'ici la fin du mois de juin 2001 à l’organisme E.V.S, via le Bureau exécutif de la CTC fédérale et les Frères du Sacré-Coeur au Togo.

Il nous faut souligner ici l’apport exceptionnel de divers membres de la CTC section de l’Outaouais, qui ont permis la réalisation de l’événement. Carmen Ayivi était chargée à l'organisation et à la logistique, la coordination technique était assurée par Henri Kpotchie et Nasser Kpanté, l’animation folklorique était sous la direction de Lucie Kpotchie, et la discipline des enfants était assurée par Audrey Ajavon. Eulalie Kpotchie, Edith Assigbé, Daname Gogué, Kalina Attiba ainsi que tous les autres membres de la communauté ont assuré l’accueil des participants.

Nous présentons ci-dessous quelques unes des allocutions qui ont eu lieu lors de l’événement, ainsi que quelques photos.

Hull (Québec, Canada), 10 juin 2001
Pour la CTC Section de l'Outaouais
Cyrille Komla Adjogblé
Responsable de la section

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Allocution de Andrée Poirier porte-parole du déjeuner-bénéfice


Bonjour et bon matin à toutes et tous,

Merci d’être avec nous ce matin pour appuyer le projet "Un repas pour moi aussi à l’école". Un repas pour moi aussi à l’école ça veut dire, tout simplement, aider des jeunes enfants à se sentir bien et disposés à l’apprentissage. Nous avons tous expérimenté un jour le phénomène du ventre creux. Comment on se sent? Chacun d’entre nous peut répondre à cette question; point besoin de spécialiste pour nous convaincre de l’adage qui dit que «ventre creux n’a point d’oreille.» La preuve? Vous vous n’êtes pas encore servi, et en tant que spécialiste des comportements humain et social, je remarque les impatiences corporels, j’entends les borborygmes, etc. Force est de constater que vous n’êtes plus attentifs et que votre obsession actuelle est le panier de muffins et de croissants au centre de la table. Alors je serai brève.

En tant que porte-parole du déjeuner d’aujourd’hui, je prête ma voix au message du frère Michel Perron. Le Frère Michel Perron d’origine Canadienne, est religieux membre de la congrégation des Frères du Sacré-Cœur. Il est au Togo depuis 1985, où il a assumé pendant 15 ans la direction du collège Saint-Albert à Atakpamé, à 170 km de Lomé. Depuis novembre 2000, il est à Lomé pour un nouvel apostolat auprès des universitaires et aussi avec le projet de prendre un collège dans la capitale.

Le frère Perron nous interpelle depuis le Togo, ce matin: «Au fil des ans, la pauvreté est simplement ou tristement devenue misère pour la plupart des foyers togolais. En cette année scolaire 2000/2001, de nombreux enfants sont restés à la maison parce que les parents n'ont pu payé les frais de scolarité, encore moins acheter les fournitures scolaires. La déscolarisation est donc revenue à l'ordre du jour... (...) Les parents qui ont fait tous les sacrifices pour inscrire leurs enfants dans les écoles se voient maintenant étranglés de tous côtés et ne peuvent même plus donner l'argent du "petit déjeuner" à leurs enfants.»

Le frère Perron a eu le privilège de rencontrer M.Kokou Flagbo, le directeur exécutif de l’organisme Espace et Vie scolaires (EVS). Il dit de lui qu’«il est un homme de cœur qui fait tout ce qu'il peut pour aider la jeunesse de la capitale à réaliser ses rêves de jeunes.» Dans ce sens, il nous invite à appuyer le projet "un repas pour moi aussi à l'école", puisqu’il répond non seulement à un besoin mais à une URGENCE.

Nous, partenaires impliqués dans ce projet, sommes conscients que seul un petit nombre d'enfants pourra bénéficier de ce projet pilote, mais, comme le dit le frère Perron, l'essentiel est de permettre de FAIRE VIVRE L'ESPÉRANCE dans le cœur de notre jeunesse togolaise, et ainsi garder espoir.

«Tous ensemble, il me semble qu’on pourrait changer le monde de jour en jour et de cœur en cœur par des gestes d’amour. Tous ensemble, il me semble qu’on pourrait changer le monde en changeant tout d’abord son cœur...»
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Allocution de Audrey Ajavon chargée de la discipline et de l'encadrement des enfants

Bonjour,
Je m'appelle Audrey. J'ai 12 ans et je suis née au Canada. En 1996, j'ai eu la chance d'aller au Togo, le pays d'origine de mes parents. C'est beau la mer, et le Togo a de belles choses: les fruits, les cascades, les animaux, la musique, les fêtes... Mais ce que j'ai aimé le plus, c'est la façon d'être des enfants, comme si un sentiment de liberté les habitait tous. On peut jouer avec n'importe qui, pas besoin de se connaître. Au Togo, les enfants sourient tout le temps.

Alors, quand j'entends parler que ces mêmes enfants ne peuvent pas manger avant d'aller à l'école je me demande pourquoi ils sourient? C'est peut-être parce qu'ils croient et espèrent que des gens, comme vous, sauront être touché par leur condition. Au fond, la liberté c'est peut-être ça... Croire et espérer. Je vous demande donc en leur nom, de ne pas laisser mourir cette merveilleuse liberté. La foi et l'espérance, ça se nourrit... Des enfants aussi! Merci!

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Allocution de Alexis Ajavon président de la CTC fédérale

Bonjour,
Le projet "Un repas pour moi aussi à l’école" est un programme qui se situe dans le cadre de la lutte contre la faim en particulier, et contre la pauvreté en général. Ce projet pilote veut pouvoir amener les élèves à retrouver et renforcer leurs aptitudes d’apprentissage afin d’améliorer leur rendement scolaire. Le rendement scolaire n’est pas l’ultime objectif, le mérite du projet est plutôt d’offrir une alternative à des jeunes qui, faute de ressources financières, se retrouvent à la rue. Faisant d’une pierre deux coups, le programme, en plus de les nourrir, ramène ces jeunes à l’école, leur permettant ainsi d’aspirer à une meilleure qualité de vie.

Dans le cadre de ses interventions humanitaires de soutien aux plus démunis de la société togolaise, la Communauté Togolaise au Canada (CTC) a décidé d’appuyer financièrement ce programme de lutte contre la faim des enfants en âge scolaire, qui a été initié par l’organisme à but non lucratif Espace et Vie Scolaires (EVS) voué aux problèmes de l’éducation, de la santé et de l’environnement en milieu scolaire au Togo.

Avant que la faim ne vous tenaille, laissez-moi maintenant vous présenter ce que M. Kokou Flagbo, le directeur exécutif de EVS nous dirait de vive voix, s’il était parmi nous ce matin:

«… Dans nos pays en développement et au Togo en particulier, les besoins les plus élémentaires et les plus permanents qui privent nos élèves démunis de leur liberté ou de leur épanouissement sont (en dehors des éternels problèmes de fournitures ou matériels scolaires): l'EAU, la NOURRITURE, les SOINS DE SANTÉ et les VÊTEMENTS pour se couvrir.

Parmi ces principaux besoins criants, le problème de la FAIM demeure le plus grave et il corrobore la plupart du temps la mauvaise santé des élèves. Souvent, un élève sur trois se couche le ventre vide tous les soirs. L'EVS voudrait bien vous livrer quelques témoignages sur la FAIM en milieu scolaire:

- "Dans un village, nous rapporte un inspecteur de l'Éducation, il est fréquent de voir des élèves s'écrouler par terre lorsque ceux-ci s'alignent pour entrer en classe, car tenaillés par la faim."
- Le Directeur d'une école primaire communautaire dans la Préfecture du Golfe nous raconte : "Le jour du marché, il m'arrive de toujours constater l'absence d'une catégorie d'élèves qui abandonnent la classe en quête de vivres ou d'aliments."
- Un élève, déserteur de classe, nous donne les raisons qui motivent souvent ses absences aux cours après les trois premières heures de la matinée : "Il n'y en a pas assez à manger à la maison et le repas est collectif et unique. Si je rentre en retard, je risque de rater la partie. Je suis toujours content si j'ai la chance d'arriver à la maison avant mes autres frères et sœurs."

Mesdames, Messieurs, NOS ENFANTS DESHÉRITÉS, NOS ÉLÈVES DÉMUNIS, SONT DE VÉRITABLES PRISONNIERS DE LA FAIM.

- Lorsque vous apercevez un élève, l'air triste, poser la tête sur le banc sans gêner personne,
- Lorsqu'il vous est difficile, lors d'une interrogation, d'arracher un mot des lèvres d'un élève,
- Lorsque vous apercevez un élève pleurer en silence dans son coin en classe,
- Lorsque vous apercevez un élève demeuré calme en classe, pendant que ses camarades nantis passent la récréation dehors,
- Lorsque vous mangez et que vous apercevez fixé sur vous le regard interrogateur et accusateur d'un élève,
- Lorsque vous apercevez un élève poser son regard perçant sur son camarade qui est en train de se régaler,
- Lorsque vous apercevez un élève se jeter soudain sur le reste d'un aliment abandonné,
- Lorsque vous apercevez une revendeuse d'aliments crier sur un élève en fuite ou poursuivi,
- Lorsque vous apercevez un élève roué de coups par ses camarades, alors qu'il protège fermement entre ses mains un aliment qu'il ingurgite,
- Lorsque vous surprenez un de vos élèves en train de mendier, à sa manière, dans la rue, alors que ses camarades sont en classe,
SACHEZ TOUT SIMPLEMENT QUE L'ÉLÈVE EN QUESTION EST ESCLAVE DE LA FAIM.

Le Projet " Un Repas pour moi aussi à l'école ", est le cri de détresse, le S.O.S. que vous lancent des élèves noyés dans les flots de la faim, mais qui veulent quand même aller à l'école.

S'il vous plaît, donnez-leur, à eux aussi, la chance d'être présents en forme et en esprit en classe, de partager un moment de joie et une bonne récréation avec leurs camarades.»


Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi, au nom de tous les enfants du Togo, de vous remercier sincèrement pour l'intérêt que vous portez à la lutte contre la faim et pour votre contribution à la réduction des disparités entre les élèves et de la misère dans les milieux scolaires démunis d'Afrique. Que votre geste soit l'expression d'une forme de partage de repas entre nos élèves démunis et vous.

Une vraie solidarité pour un monde meilleur! Merci!

Déjeuner-bénéfice